Percée dans le diagnostic et le traitement précoce du Parkinson à l’Université de Tel-Aviv
Source : Association française de l’Université de Tel-Aviv
Une nouvelle méthode mise au point par le Dr. Dana Bar-On, sous la direction du Prof. Uri Ashery, directeur de l’Ecole des neurosciences de l’Université de Tel-Aviv ouvre la voie à un diagnostic précoce qui permettra un traitement de la maladie de Parkinson dès son premier stade. L’étude, basée sur une technologie innovante de microscopie à super-résolution, a permis d’identifier, dès le début de la maladie, des dépôts de protéines toxiques de petite taille qui se multiplient avec sa progression.
La recherche, réalisée en collaboration avec l’Université de Cambridge en Angleterre, l’Institut Max Planck de Göttingen et l’Université Ludwig Maximilian de Munich en Allemagne, a été publiée le 5/06/19 dans la revue Acta Neuropathologica, considérée comme l’une des principales dans le domaine des maladies neurologiques.
« La maladie de Parkinson se caractérise par la formation de dépôts importants dans le cerveau d’une protéine appelée alpha-synucléine « , explique le Prof. Ashery. « Ces dépôts sont liés à un processus graduel de mort des cellules dans la région du cerveau central dite ‘substance noire’ (‘substantia nigra’). Cette mort cellulaire entraîne une baisse de la libération dans le cerveau de la dopamine, neurotransmetteur très important du système nerveux, provoquant des troubles moteurs, puis cognitifs. Le problème est que, avec les méthodes classiques, ces dépôts ne peuvent être observés que lorsqu’ils déjà sont relativement importants, c’est-à-dire à un stade avancé de la maladie, lorsque 75% des cellules de matière noire sont déjà mortes et ne peuvent plus être traitées. Nous avons cherché un moyen de diagnostiquer la maladie à un stade beaucoup plus précoce et envisagé un traitement possible de cette affection grave, considérée jusqu’à présent comme incurable ».
Eliminer les agrégats toxiques tant qu’ils sont petits
Au cours de l’étude, les chercheurs partenaires de l’Université de Cambridge ont créé en laboratoire un modèle de souris exprimant la protéine alpha-synucléine avec une mutation entraînant la formation spontanée d’agrégats, forme de cette protéine qui a été retrouvée sur des patients atteints de Parkinson après autopsie. Utilisant une technologie de microscopie perfectionnée, les chercheurs de l’Université de Tel-Aviv ont constaté que des petits agrégats d’alpha-synucléine apparaissaient dans les cellules de la substance noire dès le début de la maladie. « Nous avons également noté que ces petits dépôt s augmentaient avec le développement de la maladie, contrairement aux agrégats de grande taille dont le nombre reste constant. Nous en avons conclu que ces petits agrégats constituent la substance toxique responsable de la maladie », explique le Dr. Bar-On. « De plus, nous pensons qu’il est possible que la formation des gros agrégats ne soient qu’un mécanisme de compensation du cerveau dans sa lutte contre les petits dépôts toxiques ».
Suite à cette découverte, un chercheur associé de l’Institut Max Planck en Allemagne, spécialisé dans le développement d’agents anti-agrégats, a réussi à développer une substance appelée Anle 138b, qui empêche l’accumulation de dépôts d’alpha-synucléine. Les souris traitées avec cette substance ont vu leur état s’améliorer de manière significative: la libération de dopamine dans leur cerveau a augmenté, et leur comportement est redevenu normal. En parallèle, les chercheurs ont constaté que le médicament provoquait la décomposition des petits dépôts de la protéine, ce qui réduisait apparemment leur toxicité.
Vers un nouveau médicament
« Nous avons découvert un mécanisme central de la maladie de Parkinson, inconnu jusqu’à présent, et trouvé une substance qui le neutralise et pourra servir de base au développement d’un médicament », conclut le Prof. Ashery. « Ce médicament potentiel en est actuellement au stade d’essais cliniques. Nous recherchons de même un moyen de détecter les petits agrégats d’alpha-synucléine au début de la maladie chez l’être humain. Comme nous ne pouvons pas pénétrer directement dans le cerveau, nous recherchons ces dépôts dans des tissus ou excrétions du corps plus accessibles, comme des échantillons de peau, et peut-être même dans les larmes des patients et des patients potentiels ».
Important :
Les articles publiés par l’Association française de l’Université de Tel-Aviv portent sur des recherches en cours. Sauf indication contraire, le chemin est encore long jusqu’au passage à l’industrie qui permettra de mettre les traitements à la portée du grand public.