26 mars 2020

Hommage au pasteur Jean-Marc Thobois – Sarah Fainberg

Chère famille Thobois Shalom,

Je ne vous connais pas tous, pourtant je m’adresse à vous comme si nous étions unis par des liens de parenté, de cette parenté historique et spirituelle que votre père, le pasteur Jean-Marc Thobois de mémoire bénie, eut le courage, le talent, la conviction et la vision de tisser entre l’Eglise et l’Eternité d’Israël, entre l’Eglise et la Terre d’Israël.

J’ai eu l’honneur de le rencontrer grâce à mes amis Ruth et David Pasder. Les rencontres en Israël avec votre père et votre maman Irène, furent des moments précieux de lumière et d’élévation. Je me préparais déjà à la prochaine entrevue, au mois d’avril, à ces dialogues ainsi qu’à ces rires que nous aimions échanger.

C’est avec une peine immense que j’ai appris la disparition soudaine de votre père. Le deuil est autant personnel qu’universel. Car votre père fut un Juste, un Juste œuvrant de manière vibrante et concrète à ce que David Pasder nomme le « jaillissement de vie » d’Israël. Dans les mots si justes de son épouse, Ruth : « Une lumière s’est éteinte dans le monde. ».

« Ne crains rien, car je suis avec toi ; Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton D.ieu » lit-on dans le livre d’Esaïe (41 : 10). Votre père aura marché sans crainte, le dos droit, creusant un sillon de vérité, qui n’aura pas toujours eu l’approbation de ses pairs. Vivant selon la vérité, tel un dissident n’ayant pour seul bien que la droiture de sa conscience historique, politique et morale. Le Talmud nous enseigne que « La vérité est le Sceau de D.ieu ».

A cet égard, Jean-Marc Thobois allia de manière singulière et féconde le souci du monde tel qu’il va et l’exégèse biblique. Je me souviens, en particulier, de l’aisance rare et exemplaire avec laquelle il exposait des sujets pointus de politique internationale aux côtés de sujets encore plus pointus d’herméneutique.

Ce qui m’émeut au plus haut point est son engagement, son engagement existentiel et celui des siens. Le vrai miroir de nos discours, écrivait Montaigne, est le cours de nos vies.

Dans le traité des Maximes des Pères, rabbi Simon fils de rabban Gamliel nous enseigne que « le monde repose sur trois choses : la vérité, la justice et la paix ». Jean-Marc Thobois fut un phare de vérité et de justice. Que son âme, désormais, repose en paix. Nous disons en hébreu Barouch Dayan Haémèt : Que bénit soit le Juge de toute vérité.

Pouvez-vous, s’il vous plaît, transmettre à votre maman l’expression de ma profonde affection et mes encouragements chaleureux pour un prompt rétablissement. Je pense à elle tous les jours.

Puisse-t-elle recevoir des forces nouvelles pour faire vivre l’héritage spirituel de son époux de mémoire bénie. La grandeur de cet héritage se dresse et se révèle puissamment à nos yeux face à l’abîme de sa disparition.

Avec ma profonde estime,

Sarah Fainberg

Israël, 25 mars 2020